Tian An Men

Eté 2006, je suis un cours intensif de chinois à l’Ecole Club Migros de Lausanne. Notre professeur est une jeune chinoise. Elle parle peu le français, mais elle possède de bonnes compétences pédagogiques. Nous sommes 6 étudiants. Il y a B. un banquier qui affirme que le chinois est une langue d’avenir pour son travail. Il y a M. et S. qui ont choisi ce cours parce que ça leurs semble exotique. Il y a J. qui va se marier avec une chinoise dans quelques mois. Il y a X. qui a décidé de quitter la Suisse et de partir tenter l’aventure professionnelle en Chine. Et il y a moi, qui ai voyagé un mois au Yunnan l’hiver dernier sans savoir articuler plus que 3 mots (bonjour, merci, au-revoir).

Un après-midi, dans le vocabulaire, nous apprenons « Tian An Men », la Porte de la Paix céleste.

B. demande à notre professeur ce qu’elle a pensé de l’événement « Tian An Men ». Elle fronce les sourcils et annonce que l’information a été tronquée en Occident, qu’il ne s’est rien passé!

« Un petit groupe d’enseignants ont cherché à déstabiliser notre gouvernement. Ils ont monté la tête à leurs étudiants, ils les ont invités à faire un grand pic-nic sur la Place en leur promettant du coca-cola. Pour la majorité des personnes présentes sur la Place de la Paix céleste, ce rassemblement n’était que récréatif. Ce sont les médias occidentaux qui lui ont donné une couleur politique. »

Beijing, 01/07/2010
(photos : Beijing, le 1er juillet 2010)

1er juillet 2010, il est sept heures du matin, le bus couchette en provenance de Zhengzhou entre en gare routière Beijing-Sud. Je suis réveillé, mes articulations sont encore engourdies. J’ai l’impression que tout est trop petit. Je peine à m’extirper de ma banquette étroite et sortir du véhicule. Je  récupère mon bagage dans la soute.

Le temps est gris, il va pleuvoir. Je marche dans de longs couloirs, traverse de gigantesques halls. Suis-je dans une gare routière ou un aéroport ? La différence est mince.

Je suis à Beijing… c’est vite dit, je n’ai absolument aucune idée d’où je suis dans cette agglomération. C’est la première fois que je visite la Capitale. Selon mon plan je serais au-delà du quatrième périphérique circulaire. Je ne sais pas où aller, je vais donc me diriger vers le seul point de repère dont les sonorités me sont connues : Tian An Men. La place gigantesque se trouve juste au sud de la Cité Interdite.

J’aborde un passant et lui demande avec mon meilleur accent chinois et ma plus belle expression naïve comment aller à Tian An Men.

Il me regarde avec de grands yeux étonnés, puis s’en va. J’aborde une seconde personne, le résultat est le même. Je retourne dans la gigantesque gare routière et me présente devant un comptoir marqué « informations ». La fille se trouve une occupation pour éviter mon regard. Je suis patient parce que je n’ai pas d’autre choix. J’essaie la version muette: je montre la Place de la Paix céleste sur mon petit plan de Pékin. Elle me répond quelque chose. Je suis content d’avoir obtenu une réponse. Je mime un conducteur de bus. Elle m’écrit une phrase en chinois sur un bout de papier, il y a un numéro, j’imagine que c’est le numéro du bus. Je sors, toujours tirant mon petit bagage monté sur roulettes.

Il y a des routes qui partent dans toutes les directions. Des milliers de voitures qui circulent. Une petite pluie tombe. Mon t-shirt se mouille je frissonne.

Un bus s’arrête devant un abri-bus, ouvre ses portes, une foule s’engouffre en un rien de temps, le bus repart, déjà le suivant s’arrête et le ballet continue.

Tout ce monde est en mouvement. J’avance vers une personne qui ne bouge pas. Je lui montre mon bout de papier. Elle m’indique une route perpendiculaire. Je dis « xie xie ».

Un nouvel abri-bus, celui-ci mentionne le numéro de mon billet. Les numéros à 3 chiffres se succèdent, des passagers montent, d’autres descendent. J’attends sous la pluie. Enfin le voilà! Je suis le seul à monter. J’annonce au chauffeur « Tian An Men ! », les portes se referment. Le chauffeur me fait « non » d’une main, tandis que son autre main tourne un énorme volant. Mes yeux s’écarquillent, mon coeur s’accélère. Une fois le volant stabilisé, sa main libre m’indique l’autre côté de la route,  il fait signe dans la direction opposée. Au prochain arrêt, il me laisse descendre.

C’est une route à huit voies. Il y a un muret au centre. Je monte sur une passerelle et traverse. Le bus au bon numéro arrive, c’est une foule impressionnante qui s’y engouffre. Je reste bien concentré et demande fréquemment « Tian An Men ? » aux autres passagers. Nous sommes serrés dans le couloir central, je fais une tête de plus que les gens, mais je dois me courber pour regarder par les fenêtres. Après 45 minutes de route et une vingtaine d’arrêts, une femme me tire le t-shirt et me dit « Tian An Men ». Je descends.

J’ai mon plan du centre ville dans les mains. De l’autre côté de la rue, je vois la place Tian An Men sous la pluie. J’entre dans un KFC. Je demande « café », je reçois une boisson chaude sur un plateau, et vais m’asseoir à une table libre. J’ai repéré un hôtel « Home Inn » pas loin. Cette chaîne m’avait sauvé d’une errance sans fin l’avant veille (ce sera dans un autre récit).

Cet après-midi j’irai sur la place. Pour y accéder, il me faudra passer un contrôle aux métaux et une fouille policière. Vous voulez la suite ? en attendant je vous montre les photos…

Beijing, 01/07/2010

Beijing, 01/07/2010

JEU : combien de policiers et caméras vous voyez sur cette photo ?

Beijing, 01/07/2010

 

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1 réflexion sur « Tian An Men »

  1. reponse : beaucoup de cameras et de policier… ca me rappelle a Hanoi l’endroit ou il y a le corps de Ho Chi Ming…!!

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