Entre septembre et novembre 2022, j’ai visité 7 lieux de cultes de 7 religions différentes à Chiang Mai. Cet ambitieux pèlerinage inter-religieux a été organisés par le Laboratoire pour la Paix (Peace Lab) de l’Université de Payap, Chiangmai, en collaboration avec Long Life Learning group.
Je ne suis pas religieux mais j’aime les religions (de paix)
En préambule, je dois vous dire que si je suis croyant, je ne suis pas religieux. Cela veut dire que pour moi n’importe quelle église ou lieu sacré fera l’affaire ! Et le plus merveilleux temple est celui de la religion primitive de Mère Nature : être assis sous un arbre à regarder le soleil, la lune, les étoiles ou une montagne (mais il n’est pas question de cette religion ici).
J’aime toutes les religions aussi longtemps qu’elles suivent le principe de l’amour. Dès lors qu’une religion se met à condamner ou à discriminer, elle passe du côté obscure de la force.
Peace Lab, université de Payap

Lorsqu’on veut que des religieux de religions différentes se rencontrent il faut trouver des terrains d’entente. Par exemple, tout le monde est d’accord pour planter des arbres ou pour aider les pauvres, ce sont des activités qu’un moine bouddhiste pourra mener avec un prêtre catholique ou un immam musulman.
Le Dr. Rey Ty est professeur au département de « Peace Studies » (études de la paix) de l’Université de Payap, Chiang Mai. C’est lui qui a organisé la série de visites auxquelles je vais participer. Il a personnellement tissé des liens avec les responsables des diverses religions de Chiang Mai et les fait se rencontrer régulièrement.
Quand deux personnes de cultures différentes deviennent amis, c’est la Paix qui gagne des points
Se rencontrer, permet de se connaitre et quand des responsables de religions différentes deviennent amis, c’est la paix qui gagne, nous explique-t-il. Ce groupe inter-religieux a planté des arbres devant la faculté des Sciences humaines de Payap. Ils ont aussi participé à une distribution commune de nourritures pour les plus pauvres de la ville.
Le département de « Peace Building » de la faculté des Sciences humaines a été fondée en 1995 par le Révérend John Butt. Il est devenu académique en 2009.
Chacune des visites s’est trouvée être différente sur la forme. Nous étions invités, nos hôtes ont tous eu une idée différente de la façon dont ils ont voulu nous présenter leur religion et leur communauté.
J’ai manqué la première sortie dans le temple bouddhiste de Sun Dok. Je n’étais pas à Chiang Mai ce 21 septembre là. Je ne peux donc rien partager avec vous sur cette première sortie dans la religion (ultra) majoritaire de Chiang Mai.
Mosquée Al Jamiah
Le 28 septembre au matin, nous avions rendez-vous à la mosquée Al Jamiah de Chang Klan. Je suis le premier arrivé. Le Patriarche Jirachai nous attends devant la mosquée, il m’accueille chaleureusement, et me présente le personnel du restaurant musulman adjacent qui est aussi une fondation caritative. Tous me sourient et me demandent de les aider à pratiquer leur anglais.
En tant que mâle, je n’ai pas eu besoin de réfléchir avant de venir, mais les femmes de mon groupe sont venues avec un voile recouvrant leur tête.
Cette mosquée rassemble la communauté musulmane d’origine indienne qui habite ce quartier, – contrairement à l’autre mosquée de Chang Klan (près du Bazar de nuit) où les musulmans sont d’origine chinoise.
Le Professeur Jirachai a étudié l’islam à New Deli et a présidé plusieurs organisations caritatives musulmanes. Aujourd’hui à la retraite, il fait figure de patriarche.
Il nous parle de la communauté et de l’organisation caritative qui aide les musulmans dans le besoin. Il est secondé par un jeune qui a de bonnes connaissances en anglais. Le restaurant voisin vient nous servir un thé à la menthe. Puis nous allons dans le lieu de prière où le patriarche nous fait une démonstration de prière. Cette partie de la mosquée où les fidèles viennent prier est vide sinon quelques livres et rares objets.
La province de Chiang Mai compte environ 200,000 musulmans. Il existe 17 mosquées, 14 sont officiellement reconnues.
La première mosquée a été construite il y a 150 ans au bord de la rivière – elle a par la suite déménagé sur son emplacement actuel. Certains membres de la communauté rêvent de reconstruire la mosquée en plus grand dans un style plus arabique. Mais selon le patriarche, l’architecture extérieure a moins d’importance que la foi, l’argent est bien plus utile à aider les pauvres.
Démonstration de comment on prie à la mosquée
A noter que lorsque le Professeur Jirachai nous a emmené visiter l’intérieur de la mosquée, un fidèle barbu était en train de prier. Il a demandé aux femmes de rester au fond de la salle le temps que l’homme finisse ses prières, puis toutes les femmes de notre groupe ont pu entrer.
Il nous a fait une démonstration de prière, tout le monde est tourné dans la même direction et toute l’assemblée est à un niveau égal. La salle de prière est un grand hall avec un minimum de décoration.
Ashram Guru Dewa
Le 5 octobre, nous nous retrouvons à environ 30 minutes de route du centre ville entre San Sai et Doi Saket. Dans cette campagne faite de rizières et de canaux d’irrigations est établi l’Ashram du Guru Dewa. Contrairement à un temple qui rassemble une communauté locale, un ashram est le lieu où vit un Maître et où ceux qui désirent suivre son enseignement peuvent venir y vivre.
L’ashram Gurudewa de San Sai est une communauté « thaïe-hindoue », formée de personnes venant des quatre coins de la Thaïlande pour suivre l’enseignement hindouiste du Guru Dewaji. Il ne s’agit pas d’un Mundir (temple) local qui rassemblerait une communauté de quartier.
Guru Devaji est une femme thaïlandaise qui a étudié et a été ordonnée en Inde. Elle est la fondatrice de cet ashram.
Aujourd’hui, c’est le 9e jour du festival Navaratri, nous sommes invités à venir assister à la cérémonie finale qui permet à une dizaine de nouvelles personnes d’être ordonnées moines et moniales dans l’ashram.
Cérémonie en couleurs et en senteurs
Je suis un peu déstabilisé parce que nous ne recevons aucune explication, et comme je suis le premier à être arrivé, je vais m’installer au fond de la salle de prière où une trentaine de personnes sont installées pour célébrer un culte aux divinités colorées dont les statues ont été recouvertes de guirlandes de fleurs.
On allume des bâtons d’encens, on agite des tissus colorés, on se prosterne et on souffle dans des coquillages. Les notes de musiques voltigent dans ma tête. Je ne comprends rien à ces symboles mais j’en reçois plein les yeux et les narines.
A un moment, une jeune fille se met à pousser des hurlements, comme dans une parodie d’un film d’exorcisme, elle semble être entrée en transe. Elle est tranquillement exfiltrée vers l’air frais de l’extérieur.
Ordination
Dans le jardin, changement de musique, c’est un orchestre Lanna qui joue. Il y a comme un décalage culturel entre les statues hindoues et les instruments de musique locaux.
Les participants sont reliés par des fils aux puissance des divinités. Le Guru les asperge d’eau lustrale puis le fil est coupé, l’ordination est terminée. Les novices vont se présenter un à un devant le Guru.
On nous offre un repas végétarien et on nous donne rendez-vous le soir à 18h sur la place centrale de Tapae au centre ville pour un spectacle.
Le soir, l’Ashram Gurudewa a organisé une célébration publique sur la place de Tapae au centre de Chiangmai. Les religions « sœurs et frères » ont été invitées. Ainsi on a vu des représentants Bouddhistes, Musulmans-indiens (Ajan Jirachai), Sikh, et plusieurs branches de l’Hindouisme dont le groupe Hare Krishna.
Regard très critique des bouddhistes.
Devenir hindouiste en Thaïlande n’est pas anodin. Si cela ne pose aucun problème d’aller prier Ganesh ou une autre divinité hindoue dans un temple, le fait de se convertir à l’hindouisme est plutôt mal vu. J’en ai parlé avec plusieurs personnes qui toutes m’ont dit qu’il s’agissait d’une régression. Renoncer à l’enseignement de Bouddha c’est comme revenir en arrière dans l’évolution offerte par l’Illuminé.
La place de la femme
Ici, le Guru est une femme, et les personnes qui ont pris l’habit en ce jour sont principalement des femmes. Dans le bouddhisme, une femme ne peut pas devenir moniale, elle aura un rôle secondaire, elle ne sera que « MehChi ». Je me demande : les femmes ne se convertissent-elles pas à l’hindouisme pour pouvoir avoir un vrai rôle à jouer dans la religion?
La fête sur la place publique débute à 3:29
Sikh Gurudwara
le 19 octobre, nous nous retrouvons au temple sikh du quartier de Wat Ket. Un très beau bâtiment de plusieurs étages, entièrement rénové il y a une dizaine d’année, abrite le temple de la communauté.
Un ventre affamé n’a pas d’oreille, on commence par manger
Monsieur Frank Sethi nous accueille au rez-de-chaussée et nous explique qu’un ventre affamé n’a pas d’oreille et qu’il est de tradition sikh que d’offrir à manger avant de parler. Nous montons au troisième niveau pour recevoir un Samosa et un verre de thé.
Sa présentation est passionnante. Je vous ai préparé un post spécial sur la religion sikh qui sera publié ici prochainement.
Le Guru Narak est né dans une région de l’actuel Pakistan, non loin de ce qui est maintenant l’Inde. La religion Sikh se résume en ce poème de son Guru fondateur :
Il n’y a pas d’hindou, il n’y a pas de musulman, seulement des humains, enfants de Dieu, qui ont deux yeux, deux jambes et un coeur.
Guru Narak
Flexibilité dans la droiture
Les Sikhs sont des gens très droits dans leurs croyances, mais ils se révèlent être d’une flexibilité étonnante dans la vie quotidienne. Végétariens dans le temple, mais « chacun fait ce qu’il veut quand il n’est pas au temple ». L’alcool est interdit, mais si un médecin vous dit que c’est bon pour votre santé, alors l’interdiction tombe.
Ils croient au pouvoir des mots, c’est ainsi que leur Livre saint est lu à haute voix une fois par année de la première à la dernière page. Les fidèles se relaient jour et nuit pendant plusieurs jours pour que la lecture ne s’interrompe jamais.
Mais c’est parce que les mots agissent sur l’inconscient des gens qu’ils sont sacrés. De manière générale les Sikh ne sont pas superstitieux.
La générosité est sacrée
Aucun objet n’est réellement sacré, le livre est sacré pour ce qu’il contient. Les sikh condamnent les rituels qui sont pratiqués aveuglément, comme le jeûne, les pèlerinages ou le culte des morts.
La chose la plus importante est de faire le bien autour de soi. Lorsque l’on donne le bien, on reçoit le bien. Tel est le principe fondamental des Sikhs.
Interrogés sur l’égalité des hommes et des femmes, « Les femmes doivent être respectées comme des princesses » nous affirme Khun Sethi. Et sa femme qui était assise un peu plus loin prend la parole pour ajouter qu’elle ne cuisine pas à la maison parce que c’est son devoir, mais parce qu’elle cuisine mieux que son mari. Dans le temple, les hommes et les femmes prient ensemble mais sont assis en deux groupes séparés. Les hommes comme les femmes se couvent la tête.
« Il n’y a qu’un seul Dieu, et il est bon avec les Sikh comme avec les non-Sikh ».
Après la présentation, un fidèle de la communauté s’installe derrière l’harmonium pour nous immerger musicalement dans la culture sikh. Puis, nous redescendons d’un étage où un repas complet nous attend. Je suis très embêté parce que j’ai un rendez-vous et je devais partir, mais je suis incapable de refuser un repas indien. C’était très bon et je repars non seulement l’estomac heureux mais l’esprit rempli de belles choses.
Bahaï
Le 26 octobre nous nous sommes retrouvés dans la maison communautaire des Bahaï. je n’avais jamais entendu parler de cette religion.
Née dans l’islam avec une aspiration à la paix universelle
Le Bahaïsme est une religion abahamique, monothéiste, qui cherche l’unité spirituelle. Fondée par Baha Allah en Iran en 1863, la religion Bahaï est née dans l’Islam comme la Chrétienté est née dans le Judaïsme (c’est à dire dans la persecution).
Baha Allah reconnait les prophètes d’Abraham à Mahomet en passant par Jésus, Zoroaster Krishna et Bouddha. Son message se veut être une évolution universelle (et pacifique) dans notre époque moderne. Mais Baha Allah a passé de nombreuses années de sa vie en prison, les musulmans iraniens ne tolérant pas ces nouvelles idées.
L’église Bahaï de Chiang Mai est une maison individuelle dans un quartier résidentiel du nord de la ville. Rien ne différencie cette maison des autres sinon que plusieurs membres de la communauté nous attendent sur le perron pour nous accueillir chaleureusement.
Les Bahaï de Chiang Mai sont des gens d’horizons très différents, certains sont des iraniens en exile, d’autres sont des américains, et d’autres sont des thaïlandais.
Née en Iran mais interdite en Iran
Je dois ajouter que les membres iraniens de la communauté Bahaï de Chiangmai portent la nationalité australienne. En effet, le régime islamiste perse a interdit la religion Bahaï, ils sont persécutés . La majorité des Bahaï iraniens vivent aujourd’hui en exile. – note : le Zoroastrisme est également une religion d’origine iranienne, mais beaucoup plus ancienne, elle est considérée comme partie de la culture perse.
Unité dans la diversité
Unité dans la diversité est un de leur fondement. Leur présentation est très vivante, bien structurée, chacun a la parole équitablement. Ils nous expliquent qu’il n’y a pas de hiérarchie, pas de clergé, mais que tous obéissent à des règles de vie pour une harmonie sociale.
Il n’y a pas de prêtre Bahaï. C’est selon un roulement bien établis que les membres de la communauté organisent à tour de rôle les offices de culte réguliers dans la maison communautaire. Pour l’occasion ils prennent le titre d’hôte.
Je remarque que la communauté est le centre de cette religion.
Nous faisons une pause et un buffet de pâtisseries et gourmandises est dévoilé. Je discute avec un des membre de l’église qui répond à certaines de mes questions sur les libertés individuelles dans la communauté Bahaï. Quelqu’un fait la remarque que le mode de vie Bahaï ressemble à celui des Quakers. Quelques jours plus tard, je recevrai un livre dans ma boite aux lettres qui va m’aider à mieux comprendre comment cette religion est pratiquée.
Eglise orthodoxe chrétienne
Le 2 novembre, nous nous retrouvons devant l’église orthodoxe russe St. Vladimir de Chiang Mai. J’ignorais complètement l’existence de cette église. Nous avons reçu par courriel le mot d’ordre de ne pas parler de politique pendant notre visite. Je remarque malgré tout que sur l’inscription à l’entrée il est écrit « Christian Orthodoxe Church », aucune mention russe.
Le jeune thaïlandais qui nous reçoit se présente comme étant le Père Pavel. Le premier étage de l’église est composé d’une grande pièce centrale pour accueillir des invités et de chambres où vit le Père Pavel, sa femme et ses jeunes enfants. Nous recevons du café et du thé et le jeune Père, en toute simplicité nous raconter son histoire.
L’itinéraire d’un jeune homme de Chiangmai devenu prêtre orthodoxe
Enfant, il a été placé dans un monastère bouddhiste où il a reçu une éducation. Il a gardé la robe orange pendant quelques années avant de quitter le monastère et de plonger dans l’alcool et la drogue. Attiré par les églises évangéliques chrétiennes, il a essayé de comprendre le message de Jésus. C’est en faisant une recherche sur google, demandant au moteur de recherche quelle était l’église qui suivait l’enseignement de Jésus avec le plus d’orthodoxie qu’il est tombé sur l’église orthodoxe. Le même moteur de recherche lui a donné l’adresse de l’église de Chiang Mai.
Il y a été accueilli par le père Ivan. Le jeune thaïlandais reviens régulièrement et montre un grand intérêt dans la religion orthodoxe. Impossible pour lui d’aller suivre le séminaire à Moscou, mais l’archimandrite Oleg, responsable de l’église orthodoxe de Thaïlande a aménagé un séminaire dans son église de Phuket. Celui qui vient de pendre le nom de Pavel se marie avec sa compagne (une jeune birmane de Chiang Mai) puis devient prêtre.
De nationalité ukrainienne, le père Ivan a quitté Chiang Mai en 2022. Il a laissé les clés de son église au jeune père Pavel et est rentré dans son pays natal pour resserrer les rangs dans cette période tragique de l’histoire.
Une vraie cérémonie orthodoxe
Nous montons à l’étage supérieur dans l’église à proprement parlé. Pavel revet sa robe noire et avec l’aide de sa femme, mène une cérémonie pour les visiteurs que nous sommes. Lecture de la Bible en anglais (et non en russe comme il le fait pour les offices réguliers), bénédictions dans toutes les directions avec l’encensoir rituel, bougies, charbon.
Les nombreuses icônes qui tapissent l’église sont des reproductions photographiques. Pour pouvoir respecter une icône, il faut connaitre les actions de celui qui y est représenté. On ne prie pas aveuglément.
Nous redescendons au grand salon du premier étage où on nous sert un plat et nous nous retrouvons autour tous autour d’une table. Il y a même du caviar dans le plat !
Refuser à la fois de suivre la voie de la guerre et celle de la séparation
En 2022, l’église orthodoxe russe de Thaïlande, s’est retrouvée fortement ébranlée par « l’opération militaire spéciale » menée par la Russie en Ukraine. Une grande partie du clergé et des fidèles orthodoxes en Thaïlande était ukrainiens. L’archimandrite Oleg, responsable de l’église en Thaïlande a décidé de suivre le chemin de la paix. Il a organisé des collectes pour venir en aide aux Ukrainiens, il a aidé des réfugiés à fuir vers la Thaïlande. Et lorsqu’un fidèle a écrit sur un papier à prière que l’on prie pour la santé de Vladimir Poutine, il a mené la prière sans prendre position politiquement. L’église othodoxe de Thaïlande n’a pas voulu entrer dans le schisme d’avec Moscou pour ne pas condamner les fidèles russes qui représentent une moitié de leurs paroissiens. Ils ne vont ni suivre le son du clairon sonné par le patriarche Kiril à Moscou, ni rallier ceux qui veulent une séparation.
Jésuites de Seven Fountains
Le 9 novembre, pour notre dernière visite, nous nous retrouvons au lieu-dit « Sept Fontaines », qui est la traduction du thai « Jet Lin », le nom de ce quartier de Chiang Mai. Il s’agit d’un monastère, ou lieu de retraite jésuite établi en 1966 (deux ans après sa voisine l’université de Chiang Mai).
C’est le Père Paul qui nous reçoit. Je suis immédiatement impressionné par cet homme calme qui pose un regard profond sur chacun de nous. Le Père Paul a été ordonné « Compagnon de Jésus » ici à Seven Fountains il y a 55 ans. Il avait été envoyé depuis sa Californie natale en mission à Chiang Mai qu’il n’a jamais quitté.
Les règles humaines peuvent changer, seul Dieu est immuable
« Je vais vous faire une présentation de l’Eglise catholique », nous dit-il en préambule de son exposé, « mais je ne suis pas le Pape, il se peut que je fasse des erreurs ». Et il ajoute « Il y a des règles qui sont ainsi aujourd’hui (comme le célibat des prêtres), mais il se peut qu’un jour cela change. Ces règles trouvent leurs origines non pas dans les textes mais dans l’histoire, elles ne sont donc pas intangibles ».
Durant une petite heure, nous recevons un exposé clair et précis sur le Catholicisme et la Compagnie de Jésus fondée par Ignace de Loyola. Les jésuites sont les meilleurs enseignants, j’en ai une nouvelle fois la preuve. C’est simple, complet et humble.
Le Centre Jésuite des Seven Fountains héberge 6 frères et accueille constamment des religieux et des religieuses pour des retraites. Ainsi pendant que le Père Paul nous parle, je vois par la fenêtre passer deux Soeurs habillées comme Mère Theresa, elles sont ici pour quelques semaines.
Chapelle catholique de style Lanna
Seven Fountains s’est construit sur un magnifique terrain avec des grands arbres. Aux bâtiments destinés aux logement et au travail, s’ajoute une chapelle en bois et un labyrinthe végétal. Ce labyrinthe a été dessiné sur la base du vitrail de la Cathédrale de Chartres en France. On ne peut pas s’y perdre, il n’y a qu’un seul chemin, et si on le suit sans enjamber les buissons, il devient un chemin de méditation qui se parcours en une demi heure.
La dite « Chapelle » est une église en bois magnifique. Construite dans un style local, la Vierge Monserrat est abrités dans ce qui ressemble à une maison aux esprits du Lanna. Contrairement aux autres églises chrétiennes de la région, ici on doit se déchausser pour entrer, on respecte ainsi le style de vie local. Et moi qui ai toujours un pincement au coeur quand je vois un Christ qui souffre sur la croix, je découvre une statue de Jésus qui se détache de sa croix pour ouvrir les bras, j’en tombe par terre tellement c’est beau.
On ira tous au paradis
Ce pèlerinage inter-religieux de deux mois m’a permis de connaitre des communautés que je ne connaissais pas, de rencontrer de gens très gentils, et j’ai maintenant une vision beaucoup plus large de la vie à Chiang Mai. Tous ces derniers dimanches je suis allé à une messe, ou un culte, ou une célébration bouddhiste, je continue mon tourisme religieux en participant aux communions des religions.
Nous nous sommes retrouvés le 11 janvier dernier pour un véritable dialogue inter-religieux puisque plusieurs religions étaient autour de la même table dans une salle de cours de Payap. C’était aussi l’occasion d’arroser les arbres. Le patriarche musulman Jirachai a eu le mot de la fin : « Nous irons tous au paradis, quelles que soient nos croyances ».
texte et photos © Frédéric Alix entre septembre et décembre 2022 (exception des trois photos de groupe qui ont été prises par l’appareil photo du Dr. Rey Ty en janvier 2023)
Je veux remercier le Dr. Rey Ty pour avoir patiemment répondu à toutes mes questions avec gentillesse et pour avoir organisé cette série de visites.
Merci également à Life Long Learning de Payap pour avoir co-organisé ces visites.
Quel texte interessant. Toutes ces rencontres ont semble tres interessantes . Merci du partage.