(Myanmar) Gangaw, le 14 février 2019
Voilà trois jours que je suis arrivé au Myanmar et deux jours que je roule depuis mon départ à moto de Mandalay. Voilà trois jours que je me demande pourquoi je suis revenu aussi vite dans ce pays, qu’est-ce que j’avais d’aussi important à y faire? Trois jours que dans ma tête un petit singe s’agite, n’arrivant plus à se souvenir pourquoi j’aime le Myanmar. Trois jours, et je n’ai pas encore réussi à me poser et apprécier mon voyage.
Je suis en route pour l’état montagneux de Chin qui se trouve au nord-ouest du pays sur la frontière avec l’Inde. Il ne fait pas chaud, la route de montagne n’est pas facile, longue et j’ai peur de l’inconnu (mais ne le dites à personne, j’ai besoin de continuer de faire croire que je suis un aventurier).

Gangaw, aujourd’hui je fais halte dans ce petit bourg situé dans une chaleureuse vallée entre des plus hauts reliefs.
Gangaw, qui a déjà entendu ce nom? certains birmans se souviennent de cours de géographie et m’annoncent fièrement que c’est dans la division de Sagaing, d’autres me prétendent que c’est dans la division de Magwe. Quand je demande si l’Etat Chin est encore loin, on ouvre de grands yeux.

Je me suis installé dans un des rares hôtels de la ville, ai parqué ma petite moto et suis parti me promener. J’ai besoin de retrouver le rythme lent de mes pas.
La petite ville est installée au bord d’une tranquille rivière qui coule du sud au nord. Elle vient des montagnes du sud de l’Etat Chin, dans la région de Mindat. Je connais Mindat, j’y suis allé il y a deux ans, il faisait froid. Le petite rivière va remonter encore environ 150 kilomètres au nord avant de se jeter dans l’impressionnante Chindwin et repartir plein sud, pour se confondre avec le fleuve Irrawaddy près de Pakkoku, non loin de Mindat.
Cette rivière paisible aurait pu s’éviter un tel détour. Mais, tout comme moi aujourd’hui, elle avait besoin de passer par Gangaw.

C’est la fin de l’après-midi, le soleil est orange. Des habitations, il semble que tout le monde converge vers la rivière, lieu où l’on nettoie les habits, où l’on prend un bain, où l’on s’amuse.



Dans la rivière, on lave les fleurs fraichement coupées.




et on s’amuse encore

Je croise des cochons souriants qui, eux aussi, se promènent. Des vaches qui interrompent leur repas pour me regarder passer. Des poules qui rigolent. Un chien qui surveille tout ce petit monde et, craignant que je vienne perturber la tranquillité du lieu, m’aboie.



Et dans le silence d’un jardin, devant une petite maison comme toutes les autres, je croise le regard d’un ange.



toutes les photos de © Frédéric Alix, février 2019 à Gangaw
la suite : Voyage en Pays Chin – 1. Hakka
Tu ecris …au debut de ce texte que tu as peur de l’inconnu…je ne crois pas ca une minute. Tu es une des personnes qui voyage sans cesse dans des regions bien differentes de ce que je connais. J’aime un peu savoir ou je vais mais comment savoir quand on visite un endroit pour la premiere fois? uTu as vu unn ange qui t’attendait… fantastique!! Quelles belles photos tu as fait encore. 🙂