En août 2001, pour mon premier voyage en Asie, je viens passer dix jours à Chiang Mai dans le nord de la Thaïlande. Je vous confie ici mes premières impressions à l’état brut.
Rêve
Aéroport de Chiang Mai. L’avion accélère sur la piste, ses roues semblent fragiles, sa carcasse se met à trembler dans un bruit de métaux lourds, l’avion n’est pas fait pour rouler. Il pointe vers le ciel, se lève, quitte le sol, s’envole. Par le petit hublot on voit la longue montagne recouverte de forêt tropicale. L’avion prend de l’altitude rapidement et arrive à la hauteur du temple Prathat Doi Suthep. On voit son chédi jaune, ses décorations bleues et vertes, ses statues qui brillent, petit bijou éclatant, posé sur un des sommets de la montagne. J’observe le calme du temple bouddhiste dans son écrin de verdure. Soudain, l’avion s’arrête, ses moteurs se coupent, il tombe en chute libre tournant sur lui-même. Une grosse explosion projette des flammes brûlantes. Je me réveille dans un lit confortable, les rayons du soleil sont très chauds et je transpire même si l’air conditionné est en marche. Non, je n’ai pas envie de quitter Chiang Mai.

Les collines boisées
A moto, on est a passé San Kampeng, nous roulons en direction de Mae On et ses sources d’eau chaude. A gauche comme à droite de la route j’admire des rizières. Les brins verts sont plantés bien alignés dans le champ inondé. La route sinue entre des collines abruptes entièrement recouvertes de végétation. Nulle part je ne vois de chemin qui tenterait d’escalader ses reliefs recouverts de forêts, ils sont vierges. Je suis fasciné par ce paysage.
Les moines rieurs
Au presque sommet de Doi Inthanon, la plus haute montagne de Thaïlande, on trouve deux stupas. Je n’ai pas encore appris comment me comporter dans un lieu bouddhiste, je sais seulement qu’il faut retirer ses chaussures avant d’entrer. Je vais m’asseoir dans un angle et j’observe en espérant ne pas commettre d’imper. Deux moines entrent. Ils portent la robe orange, ils ont la tête rasée. Ils vont s’agenouiller devant la statue du Bouddha qui se trouve au centre du sanctuaire. J’espère ne pas déranger leur dévotion. Ils se prosternent trois fois en joignant les mains, puis se passent les mains sur le sommet de leur tête rasée, et ils éclatent de rire.
La chaleur du soir
Après avoir mangé, nous sommes allés boire un verre dans un des nombreux petits bars installés sur une grande place dans le quartier du Bazar de nuit où les touristes vont acheter des souvenirs et des contrefaçons. Ces bars installés dans des petites cabanes sur une place de marché rassemblent beaucoup de bonne humeur et de légèreté. Il est minuit, je conduis une moto longeant les douves de l’ancienne citadelle de la ville. Ce qui me surprend est la chaleur du soir, comme si la chaleur nous enlaçait complètement.

Perdu une carte dans les mains
Bien décidé à visiter Chiang Mai, j’ai pris un plan de la ville trouvé dans un magazine gratuit, enfourché la moto et me suis baladé. J’ai repéré l’énorme stupa à moitié effondré qui s’appelle Chedi Luang. Une pluie de mousson a éclaté alors que je me promenais dans le temple Phra Singh. Je me suis abrité en attendant que le nuage se soit vidé. Des grapes de jeunes moines semblent sortir d’une école, cartable sous le bras, ils sourient et rigolent alors que leur robe orange est détrempées par les torrents d’eau.
Je reprends la route et tourne autour des anciennes douves, je m’arrête pour lire le nom de la rue. Impossible de déchiffrer l’alphabet thaï fait de vermicelles. Par chance en dessous se trouve la transcription phonétique en alphabet romain, je lis Chayalalalalala, je regarde son mon plan et je trouve une rue qui s’appellent Ratalalalala, et pensant que c’est ici, je me dirige en fonction, mais il me semble que toutes les rues ont le même nom. Moi qui me suis toujours venté d’avoir un excellent sens de l’orientation, je me suis perdu.
Des éléphants dans les rues
La circulation est anarchique, mais dans ce chaos je suis étonné de ne pas assister à plus d’accident. Les voitures roulent vite, les motos dépassent à gauche comme à droite, des véhiculent débouchent des côtés et s’engagent sans s’arrêter ni même regarder. Et au milieu de ce cirque routier, on trouve même des éléphants qui marchent d’un pas nonchalant, conduits par leur cornac. Sur leur queue on a attaché des lumières clignotantes pour qu’ils soient plus visibles. Mais que font ces éléphants en ville ? Ils mendient. Les cornacs vendent des petits régimes de banane ou de bottes de bâtons de canasucre. On donne un billet au cornac et les gourmandises à l’éléphant.
(note : depuis environ dix ans, une loi interdit aux éléphants de venir en ville).
Photos prises en août 2001 lors de mon premier séjour à Chiang Mai. Texte et photos par Fred Alix. Merci de votre visite.
Des souvenirs … d’un lieu que tu connais beaucoup plus maintenant. Les impressions des premiers jours … d’une ville qui t’a seduit . Le reste is your life story. Merci du partage Fred. Je lis toujours avec plaisir puisque j’ai eu la chance de marcher dans Chiang Mai avec toi et de visiter plusieurs temples aussi.