Mon Pèlerinage Lanna

Entièrement par hasard, et peut-être même par erreur, je suis tombé sur un article commentant un poème Lanna du 16èmesiècle : le Khlong Nirat Hariphunchai. Ce poème, aux origines incertaines, raconte le pèlerinage romantique d’un lettré, peut-être un prince, entre Chiangmai et Hariphunchai (aujourd’hui appelée Lamphun) une trentaine de kilomètres plus au sud.

Wieng Kum Kham, 01/11/2019
le moine marcheur, Wat Chedi Liam

Cette histoire de plus de 500 ans débute au Wat Pra Singha. Le pèlerin s’attarde de temple en temple où il va respecter toutes les images de Bouddha, sort de la ville par la « Porte Chiangmai », traverse les faubourgs puis la rivière Ping, va s’agenouiller devant le Chedi Liam, dans les vestiges de la ville qui a précédé Chiangmai, et rejoint Lamphun en deux jours de marche.

Immédiatement, je me passionne pour cette histoire. J’imprime l’article et sur le dos de ma petite moto vais en repérage près de Chedi Liam. Je m’installe dans le Sala d’un petit café, m’assieds sur un coussin et commence la lecture, avec ma carte ouverte pour repérer l’itinéraire. 

Je crois tenir un pèlerinage tel Santiago du Lanna, on a vite la folie des grandeurs quand on est pris par la passion. 

Au-delà de Chedi Liam, j’ai du mal à suivre l’itinéraire de l’histoire. Il faut dire que la rivière Ping ne coule plus au même endroit. Je m’amuse à dessiner un nouvel itinéraire afin de relier les endroits qui ont une portée historique, quitte à prendre de grandes libertés avec le poème du 16ème siècle.

J’ai le vertige en imaginant que cet itinéraire de plus de 35 kilomètres va me faire parcourir les 720 ans d’histoire de Chiang Mai et me faire remonter à l’époque de la Reine Jamathewi, fondatrice de Hariphunchai il y a … 1270 ans ! Mais il faut relativiser,  un pied devant l’autre, ce ne sera qu’une marche sous le soleil brûlant dans la moiteur tropicale.

Combien de jours ?

Je me pose des questions pratiques. La distance pourrait se parcourir en une journée à condition de ne pas s’arrêter. Mais le but est justement de s’attarder dans les lieux qui ont fait l’histoire du Lanna. Le pèlerin de l’histoire a fait une halte dans un monastère à mi-chemin. Pour ma part, je ne me vois pas demander l’asile à un moine pour la nuit, aussi il me faudra rentrer chez moi. Comment vais-je m’organiser pour faire la marche en deux temps sans casser le rythme et sans avoir à prendre trop de véhicules motorisés ?

Quelle tenue adopter pour cette marche ?

Je déteste les déguisements. Un vrai marcheur dirait qu’il faut de bonnes chaussures de marche – mais qui en porte dans un pays chaud ? Un pèlerin bouddhiste dirait qu’il faut s’habiller de blanc. Un ascète me dirait que rien ne vaut de marcher pieds nus. Je vais choisir une tenue normale pour que les gens qui me croisent pensent que je me rends simplement vers la prochaine épicerie. J’ai toujours la naïveté de croire que je peux passer inaperçu, c’est impossible: je suis un occidental en Asie, je mesure une tête de plus que la moyenne des gens, et en plus, je marche dans un pays ou personne ne marche depuis l’invention du moteur à explosion. Je suis vu bien avant que je ne vois.

Alors que je me prépare, je ne parle de mon projet à presque personne, mais je ne manquerai pas de m’en vanter quand ce sera fait !

Crédential ?

Le pèlerin du poème va payer son respect devant toutes les statues de Bouddha qui se trouvent sur sa route. Existe-il l’équivalent d’un « crédential » que l’on tamponne pour prouver qu’on est bien passé partout ? Devrais-je me prendre en selfie devant tous les temples comme le font les pèlerins modernes ? Traditionnellement, on peut acheter dans les temples les plus importants des petites « tablette votive » sur laquelle est gravée une image du Bouddha. Je n’ai jamais aimé ces tablettes qui font aujourd’hui l’objet d’un commerce des superstitions.

Ban Ko Klang, 04/07/2020
Café dans un Sala à Ban Ko Klang, c’est ici que j’ai imaginé mon itinéraire.

La tentation de la paresse

Confortablement assis sur mon coussin au deuxième niveau de mon Sala, buvant un café glacé, je me demande si j’ai vraiment besoin de marcher. Tous les endroits visités par le pèlerin, je les connais déjà. Mes archives photographiques sont suffisamment bien organisées pour que je puisse retrouver des images de tous ces lieux et faire croire que j’ai fait le pèlerinage sans avoir à quitter mon coussin. D’ailleurs, le poète du 16ème siècle a-t-il vraiment fait la marche, ce texte n’est peut-être qu’une fiction. Je pourrais facilement inventer un récit en collant mes souvenirs passés comme une sorte de patchwork. Non ! Si je n’aime pas l’idée de la marche sportive, j’ai toujours un plaisir énorme à cheminer, à regarder la vie des gens. Le pèlerinage est un prétexte pour observer la vie locale.

« Je décidai donc de suivre la voie empruntée par bon nombre de mes concitoyens à travers les siècles, celle des touristes locaux, j’ai nommé le pèlerinage. »

Ma Thanegi, « Birmanie, voyage intérieur »

Mon carnet de pèlerinage, Premier Jour.

Chiangmai, 16/11/2019
Wat Pra Singha, le matin du départ

Le samedi 16 novembre 2019, je n’ai pas regardé si les étoiles annonçaient de bons présages, mais à 8h55 je parque ma petite moto en face de Wat Pra Singha, je suis prêt au départ. Je sais que de quitter Chiangmai est la partie la plus difficile, d’ailleurs le poète s’est longuement attardé sur ce thème.

Chiangmai, 29/10/2019
La statue du Bouddha Pra Singha

Wat Pra Singha

Puisque le poème commence devant la statue Pra Singha, allons commencer mon histoire là-bas. Etrange statue. On dit qu’elle est originaire du Sri Lanka, plusieurs temples dans le pays prétendent qu’ils détiennent l’originale. Je ne me prosterne pas, ce n’est pas par manque de respect, c’est que je ne sais pas le faire correctement, ou du moins sans que mes mouvements n’attirent toute l’attention. Je me plonge dans le regard apaisant du Bouddha, je suis apaisé par le demi sourire de la statue, et je me mets en route.

La rue centrale est bordée de plusieurs temples voisins les uns des autres. J’ai à peine marché cinquante mètres et je m’attarde déjà dans un petit temple, je suis attiré par la statue du moine marcheur. Je prends quelques photos et je reprends ma route.

Chiangmai, 16/11/2019

Je regarde les boutiques de cette rue. J’ai quinze ans de souvenirs dans ce quartier. Je me souviens du premier café qui proposait une connexion wifi dans la ville, je revois des endroits où j’ai mangé, où j’ai flâné. Aujourd’hui les enseignes ont été remplacées par des enseignes en caractères chinois. Preuve que « le centre historique » est définitivement devenu une attraction pour les touristes venus du puissant voisin.

Je tourne et passe devant Chedi Luang. Le pèlerin du poème est venu se prosterner devant l’imposant Chédi de 82 mètres de haut. Ce Chédi énorme domine la ville de Chiang Mai. Il a été construit pour abriter le Bouddha d’émeraude, image sacrée qui a beaucoup voyagé et se trouve aujourd’hui au Palais royal de Bangkok. Le poème ne dit pas si au moment du passage du pèlerin le Chédi abritait toujours le Bouddha d’émeraude.

Aujourd’hui, les étrangers qui veulent entrer dans l’enceinte du temple ont une entrée séparée qui mène à une caisse. Il en coûte désormais 50 bath. Je suis souvent venu par le passé, j’y ai même assisté aux funérailles du moine patriarche de Chiang Mai en 2009. Je ne vais pas y aller aujourd’hui, je peux économiser le temps de la visite. A la place, je me plonge dans mes souvenirs.

Avant de passer la porte de la ville, je m’arrête dans un petit restaurant végétarien sino-thai où l’on choisi les curries dans un assortiment de plats préparés exposés dans des gamelles. Mon petit déjeuner sera une assiette de riz avec des légumes bien épicés. 

Chiangmai, 23/04/2020
La porte « Chiang Mai », porte sud de la ville. Vue depuis l’extérieur avec les douves.

Sortie par la Porte des Chiangmaïotes

Je passe la Porte Sud de la ville. Chiang Mai compte cinq portes le long de ses douves qui forment un carré presque parfait. C’est la porte dévolue aux habitants de la ville, d’où son nom « Porte Chiang Mai ». Autrefois, les étrangers utilisaient uniquement la Porte de l’Est : « Porte Tapae ».

Je marche maintenant dans « les faubourgs ». En réalité, ces quartiers à l’extérieur de la citadelle ont été les premiers quartiers populaires de la ville. L’intérieur des douves (la citadelle) était réservé aux pouvoirs royal, administratif, et religieux. Ce quartier du sud est traditionnellement le quartier où les ethnies des montagnes, forces ouvrières de la ville, se sont installées dès les premiers temps de Chiang Mai.

Chiangmai, 16/11/2019

Je passe devant le temple Yang Kuang. C’est ici que l’on a découvert la tête d’une statue d’un Bouddha qui devait mesurer plus de 8 mètres de haut. L’artifact est aujourd’hui au musée dont il fait la fierté. Une nouvelle statue et un nouveau bâtiment pour les prières est en construction. Je salue respectueusement un moine assis sur une chaise en plastique qui boit un café. J’ai envie d’aller lui dire que je suis en pèlerinage vers Lamphun et lui demander une bénédiction mais je ne sais pas comment exprimer ceci.

Chiangmai, 16/11/2019

Je traverse le petit canal de la Mae Ka. Il s’agit du canal qui délimitait les faubourgs. Sur le pont, on fait sécher des poissons. Ceux qui ne connaissent pas Chiang Mai doivent douter que je suis au centre d’une grande ville.

Chiangmai, 16/11/2019

Sur le bord de la route se trouve un autel dédié aux esprits (que l’on appelle formellement Sanpraphum ou populairement Chao Tii, ce qui veut dire « Seigneur du lieu »). Il s’agit d’un autel animiste dédié aux esprits tutélaire du lieu, souvent représentés par « grand-père » et « grand-mère ». Toutes les maisons ont leur autel pour les esprits du lieu, mais celui-ci semble appartenir à tout le voisinage.

Puis, la route contourne un grand banian, l’arbre Bodhi sous lequel Bouddha a atteint l’illumination. Ces arbres sont sacrés, il est interdit de les couper, d’ailleurs le tronc est entouré d’une robe orange, comme celle des moines. Sous l’arbre est installé un autre autel où se mélangent les représentations bouddhistes et animistes.

Chiang Mai, 16/11/2019
Chiangmai, 16/11/2019

Bidonville

Je me perds dans un dédale de chemins, je fini par traverser un quartier que je ne connaissais pas, bien caché des grands axes. Ici sont parquées des roulottes de cuisines ambulantes (celles où j’aime aller manger le soir, assis au bord de la route sur des chaises en plastique). Je vois un Tuk-Tuk qui stationne dans l’herbe (le type de taxi préféré des touristes). Le chemin est en terre mouillée parsemé de déchets, je saute pour éviter d’être trempé. Je m’amuse à voir des enfants jouer avec un ballon au lieu de jouer dans un « smartphone » comme les enfants d’aujourd’hui. Les maisons sont très simples, certaines pourraient entrer dans la catégorie des « bidonville ». Plusieurs personnes sont assises dehors, ils discutent, ils rient, un chien aboie (et l’étranger passe). Sur les toits il y a des antennes hertziennes, ça me semble être d’un autre âge. Je vois des toilettes de l’autre côté du chemin, et un endroit pour se laver. Toutes les maisons ne doivent pas être équipées de l’eau courante. J’aimerais prendre des photos, mais j’ai peur d’être indécent. Un jour ce quartier disparaitra, sous la volonté d’éliminer la pauvreté on construira à la place des logements salubres que ces travailleurs indépendants n’auront pas les moyens de se payer, ils partiront et la ville sera propre et moderne.

Comme si j’étais passé par une porte intergalactique, je me retrouve sur le boulevard périphérique. Les voitures roulent très vite. Je vois l’enseigne gigantesque d’un Mac Donald et juste derrière un condominium, résidence citadine pour la classe moyenne élevée. Je marche le long de cette autoroute jusqu’à la rivière Ping, je traverse le pont puis passe sous la route et je reprends les petits chemins qui m’enfoncent dans un quartier de petites maisons.

Vieng Kum Kham

Chiangmai, 16/11/2019
Chedi Liam

Vieng Kum Kham. C’est ici que le Roi Mengrai, venu de 300 kilomètres plus au nord, avait installé sa première ville au bord de la rivière Ping il y a 720 ans. C’est d’ici qu’il a mené la conquête du Royaume de Hariphunchai (Lamphun où je me rends aujourd’hui). Le Chedi Liam est un des rares vestiges de cette ville antérieure à Chiang Mai. Mengrai l’a fait construire pour honorer sa défunte épouse. Il a choisi le style architectural Mon-khmer de Lamphun : le Chedi carré est construit en pyramide abritant des niches où sont placées des dizaines de représentations de Bouddha debout. Il ne reste que très peu de Chedi de ce type ancien, les deux autres que je connais sont à Lamphun, le premier abrite les cendres de la Reine Jamathewi, fondatrice il y a 1200 ans du Royaume de Hariphunchai. Je y serai dans … environ vingt-cinq kilomètres si je ne fais pas trop de détours.

Vieng Kum Kham était une zone inondable, et plutôt que de voir sa nouvelle capitale devenir lacustre, Mengrai a choisi de l’abandonner et de fonder Chiang Mai dans un lieu plus hospitalier.

Je m’arrête un moment devant la statue du moine marcheur.

Chiangmai, 01/11/2019
Statue du moine marcheur devant le Chedi Liam
Wieng Khum Kham, 01/11/2019
Statue du Roi Mengrai à Chedi Liam

Un autocar s’arrête devant le Chedi sept fois centenaire, et sans arrêter son moteur polluant, déverse des dizaines de touristes chinois aussi bruyant que le bus. Comme des enfants, les visiteurs vont frapper toutes les cloches et se prennent en selfie dans une agitation démente. Je m’enfuis.

Je reprends mon chemin. Deux chiens m’aboient. Un monsieur sur une vielle moto s’arrête, me demande où je vais. Je ne sais que répondre, et avec un sourire je lui montre le chemin devant moi. Il me fait signe qu’il peut m’emmener. Je le remercie mais je vais encore marcher.

Le temple des moines constructeurs

Premier véritable arrêt, j’ai déjà parcouru dix kilomètres. Il est temps de boire un thé glacé. Je suis déjà venu dans ce petit café. C’est dans ce Sala que j’ai imaginé les grandes lignes de mon itinéraire. La femme me reconnait et me demande si vais bien, je lui dis que je suis en route pour Lamphun. Elle regarde dans la rue, ne voit pas ma moto, elle se dit qu’on a dû mal se comprendre et me sourit.

Juste en face se trouve un très beau monastère tout neuf (ou entièrement restauré) le Wat Ko Klang. J’entends des bruits de marteau provenant du terrain attenant. Je découvre le chantier de construction d’un monument funéraire en bois et papier mâché gigantesque sur lequel travaillent deux moines. Ils sont très fiers de me voir intéressé par leur travail, ils me montrent les plans du monument qui, une fois achevé, sera envoyé à … Kanchanaburi ! (huit cents kilomètres de là). Le sympathique moine m’explique qu’ils sont très peu à faire ce travail de construction spécialisé et qu’ils doivent honorer des commandes pour toutes les régions de Thaïlande.

Saraphee, 26/11/2019
Les moines constructeur du temple Wat Ko Klang

L’île aux lépreux

Je trouve un passage entre les maisons, je passe au-dessus d’une rivière asséchée et me voilà sur l’île de Klang (Ko Klang). Cette île est délimitée par un ancien bras de la rivière Ping. En 1908, le missionnaire britannique James Mc Kean a obtenu l’autorisation de fonder ici la première léproserie de Thaïlande. Désireux de leur offrir le meilleur confort possible, il a fait construire des petits « cottages » de type britannique, un grand dispensaire et deux églises.

Chiangmai, 16/11/2019
L’allée de cottages, ici quartier réservé aux femmes
Chiangmai, 16/11/2019

Les cottages des lépreux sont regroupés en petits quartiers dans une incroyable forêt de très grands arbres. Aujourd’hui, le « Mc Kean Rehabilitation Center » a été converti en un lieu de vie paisible pour personnes âgées nécessitant des soins. J’entends la sonnette d’un vélo, et je suis dépassé par une vielle femme sur un vélo à quatre roues qui me salue par un geste de la main et un sourire éclatant.

Chiangmai, 01/11/2019
Statue de James Mc Kean, fondateur de la léproserie de Chiang Mai.
Chiang Mai, 01/11/2019
L’église Santhitam

Arrivée des premiers missionnaires en 1867

Chiangmai, 16/11/2019
Le banian se souvient…

Toujours sur l’île de Klang, au bord de la rivière, se dresse un banian centenaire. Ce banian est le témoin végétal de l’histoire de Chiang Mai.

En avril 1867, le Révérend Daniel Mc Gilvary, sa femme Sophia, et leurs deux enfants de cinq et deux ans remontent la rivière en provenance de Bangkok. La petite famille de missionnaires protestants américains est en chemin pour Chiang Mai, une des région au monde les plus éloignée de l’Europe d’alors. Voilà plus de trois mois que dure leur voyage. Pour alléger leur bateau, ils utilisent des canoes. Le 1er avril 1867 au soir, ils amarrent leur bateau à cet endroit et campent sous ce banian.

« À quelques pas de sous son ombre, on pouvait voir à travers les champs, les flèches des pagodes de Chiengmai. Là, dans la prière, anxieux, nous passons la dernière nuit de notre long voyage, sans savoir ce que le futur pourrait nous réserver. »

Dr Daniel Mc Gilvary, mémoires, avril 1867

Le 2 avril 1867 au matin, la famille de missionnaires va arriver à Chiangmai. Ils obtiendront l’autorisation de s’installer dans un Sala ouvert près de la rivière et y établiront les bases de leur mission chrétienne. Selon Herbert Swanson (spécialiste de l’histoire de la chrétienté en Thaïlande), l’arrivée de la famille Mc Gilvary a fait entrer Chiang Mai dans l’ère moderne. Il serait faux de croire que c’est la seule religion chrétienne qui a changé la vie des Chiangmaïotes à jamais, non! d’ailleurs le nombre de converti est toujours resté très marginal. C’est (à mon avis) l’arrivée de Sophia, une femme instruite, qui va bouleverser les mentalités. Sophia va enseigner, jouer de l’orgue, soigner les malades sans se dispenser des tâches ingrates. On la verra travailler alors que la plupart des femmes riches de la ville emploient des esclaves. Cette mission presbytérienne va fonder la première école pour filles (Dara Academy), et aussi permettre l’établissement de la médecine occidentale au Lanna. C’est cette même mission, qui quatre décennies plus tard, obtiendra la permission de fonder un asile de lépreux à l’endroit où le couple Mc Gilvary a passé sa dernière nuit avant d’arriver à Chiang Mai.

Saraphee, 01/11/2019

Je continue ma marche, je passe un très beau pont couvert, en bois, qui se trouve être l’entrée formelle du Centre Mc Kean. Le gardien dans son uniforme et casquette me salue avec beaucoup de respect, que je lui rends à la pareil.

Je marche encore deux kilomètres et m’arrête dans un restaurant installé sous un toit en taule ondulée. J’y mange le meilleur « pad thai »!

Je décide que j’ai marché assez loin pour aujourd’hui. Je reprendrai demain au même endroit, je vois un temple de l’autre côté de la route, il s’appelle Wat Pa Ngio.

Comme ma moto est parquée devant le Wat Pra Singha au centre de Chiangmai, j’ai encore une quinzaine de kilomètres pour boucler ma boucle. Je traverse la rivière Ping sur un affreux pont en béton, et reviens par l’autre rive, plus ennuyeuse, plus monotone. Je manque à quelques reprises d’appeler une moto-taxi pour rentrer plus vite, mais ma fierté est l’ennemie de ma paresse. Je vais arriver, presque sur les genoux mais la tête haute, à mon point de départ.

Mon Deuxième jour

Ce matin, dimanche 17 novembre 2019, je parque ma moto au temple Pa Ngio repéré la veille.

Un Temple qui a du chien

Je vérifie que ma moto peut m’attendre ici sans gêner personne. Puis, je suis happé par la visite du Wat Pa Ngio. Des dizaines de statues aussi colorées que gigantesques représentent des Ganesh, des oiseaux mythologiques, des éléphants et des images de Bouddha dans plusieurs poses. Je ne croise pas de moines mais une grand quantité de chiens. J’ai appris que ce temple est connu pour recueillir les chiens abandonnés. La petite congrégation de moines qui vivent ici s’occupent de ces chiens, ils sont aidés par des bénévoles du quartier. Mais je ne sais pas quelle est l’origine de cette forêt de statues démesurées.

Chiangmai, 01/12/2019
Saraphee, 17/11/2019
Chiangmai, 17/11/2019

Au fil de la Ping

Il est huit heures trente. J’ai environ vingt-cinq kilomètres à parcourir aujourd’hui. Peut-être même un peu plus suivant les détours que je suis capable de m’imposer. Je longe la rivière Ping dans le sens de la descente. Je pense avoir choisi le bon côté pour marcher, sur l’autre rive je vois plusieurs hôtels en construction qui me semblent moins sympathiques que les simples maisons individuelles devant lesquelles je chemine.

Saraphee, 17/11/2019

Je passe devant un abri public où les habitants du quartier se sont rassemblés. Je n’arrive pas à comprendre de quoi ils parlent mais j’ai l’impression qu’ils tiennent une sorte de réunion communale.

Juste en face de l’abri se trouve un grand arbre, sous lequel on a placé des bâtons de soutiens que l’on appelle « Tan Mai Kham Sri ». Ils représentent le soutien symbolique des bouddhistes à leur religion. Sur les bâtons, certains ont écrit leur nom ou placé une prière particulière. Il s’agit d’une tradition du Lanna.

Chiangmai, 16/11/2019
Saraphi, 06/06/2020

Le canal de la petite Ping

C’est pour moi une complète découverte: j’ignorais l’existence de ce bras de rivière de la Ping qui a prit le nom de Ping Noi (petite Ping). Long d’une vingtaine de kilomètres, il retrouvera la Ping à la hauteur de Lamphun dans le village appelé Rimping (littéralement « Rive de la Ping »). Mon chemin me permet de le suivre sur plusieurs kilomètres.

Saraphi, 06/06/2020
La Ping Noi
Saraphi, 06/06/2020

Me voilà dans le village de Khua Mung, dans le district de Saraphi. Quelques maisons, et au centre un petit marché paysan qui est fermé au moment où je passe. Dommage, j’aime tellement les marchés. Sortant de la localité, je ne vois autour de moi que des arbres à longan. La région est fière de ses vergers, une élection de Miss Longan est organisée tous les ans à Lamphun.

Les branches portent tellement de fruits qu’ils sont supportés par des tuteurs pour éviter qu’elles ne se cassent. Ces tuteurs me rappellent les bâtons de soutien de l’arbre Bodhi. Au moment où je marche dans ce pays du longan, le pèlerin citadin que je suis ignore que la récolte a plusieurs mois de retard. La sècheresse de cette année a ralenti de plusieurs mois le mûrissement des fruits. D’ailleurs l’élection de Miss Longan, elle aussi, a été repoussée.

Pour la première fois, j’ai l’impression d’être très loin de la ville. Tout autour de moi il n’y a que des arbres, je suis à la campagne. Je me retourne, je vois au loin la montagne Doi Suthep, je suis très fier de penser que j’ai marché tout ce chemin à la seule force de mes deux jambes.

Saraphi, 06/06/2020
Je prends en photo un arbre à grenades parce que ce n’est pas courant d’en voir ici. On est dans le pays du Longan, il y en a tellement que je ne n’ai même pas l’idée d’en photographier (je manque un peu de logique, désolé…)
Saraphee, 17/11/2019
Du bord de la Ping Noi, on me regarde passer.

Il est dix heures. Selon ma carte, j’ai parcouru dix kilomètres depuis ce matin. Il est temps de faire une pause pour boire un café. Je traverse la « Petite Ping » qui a cet endroit mérite bien son nom, et comme tombé du ciel, juste devant moi se trouve un café.

Le chemin semble plus long quand il n’y a rien de spécial à voir. Je passe devant un grand nombre de petits commerces locaux. J’hume la bonne odeur de la saucisse de Chiang Mai qui grille sur un barbecue. Des omelettes au porc cuisent dans des feuilles de bananier. Plus loin, une femme prépare la soupe au curry jaune, spécialité du Lanna que l’on appelle Kao Soi. Je regarde les gens qui me regardent passer, je salue les chiens qui m’aboient. Sur des tables, sont alignés des régimes de petites bananes sucrées qui sont à vendre pour quelques baths. Puis une femme sur une vielle moto rouge s’arrête à ma hauteur, me demande où je vais. Je réponds « Lamphun ». Elle ouvre de larges yeux et s’étonne que je n’ai pas une voiture ou une moto, comme je lui réponds qu’aujourd’hui j’ai envie de marcher, elle me sourit et me souhaite bonne chance.

Dans le village appelé Ban Ping Noi, on a convié des moines pour une cérémonie privée. Alors que l’on s’apprête à construire une nouvelle maison, il faut bénir les fondations. On a accroché des noix de coco et des régimes de bananes au futur pilier central, alors que les moines tirent des fils blancs pour relier les fondations aux bons esprits.

Ban Mae Ping Noi, 04/07/2020
Cérémonie privée avant la construction d’une maison

Wat Pratu Pa

Je quitte la route qui suit la Ping Noi, j’emprunte des chemins plus étroits, je marche maintenant le long d’un tout petit canal dont je n’arrive pas à trouver le nom. Quelques kilomètres plus tard, il est midi quand j’arrive au lieu dit « Ban Pratu Pa » que je peux traduire par « le temple de la porte de la forêt ». Il y a effectivement un grand temple qui semble important. Mais la forêt a été rasée depuis longtemps. Je veux commencer par me restaurer. Le pèlerin de mon histoire ne serait pas d’accord, lui qui ne manque pas d’aller pieusement prier dans tous les temples qu’il croise sur son chemin. Sous un abri en bois, je commande une soupe de nouilles après avoir répondu à la question d’usage formulée par la cuisinière : « où est-ce que tu vas comme ça? »

A l’entrée du temple se tient un marché aux amulettes. Je n’ai jamais réussi à m’intéresser à ce commerce, mais j’aime la tranquillité des passionnés qui inspectent ces pièces plus ou moins antiques à la loupe tout en discutant entre eux. Ces passionnés se reconnaissent à ce qu’ils ont autour du cou une chainette sur laquelle est accrochée plusieurs amulettes sensées leur apporter bonne fortune.

Le temple Pratoo Pa a été entièrement rénové, l’ancienne bibliothèque en bois est un beau bâtiment. Sur une plaque, j’apprends qu’il a été construit en 1758 par des nobles de Lamphun qui ont fuit au moment où le Roi de Birmanie a annexé le Royaume du Lanna.

Ce temple semble être un centre communautaire très actif. Je vois les restes de décorations qui ont servi à des cérémonies, dont un petit Stupa en sable rouge. Face à l’entrée, je vais observer les statues de « grand-père et grand-mère » les ancêtres protecteurs de la terre où nous habitons. Sous l’arbre Bodhi, les fidèles ont placés des offrandes en papiers et cartons.

PraTu Pa, 17/11/2019
PraTu Pa, 17/11/2019
L’entrée décorée du temple Pratoo Pa

Déchets de Loy Kratong

PratuPa, 17/11/2019

Il y a quelques jours a eu lieu une des plus belle fête de Thaïlande : Loy Kratong. A la nuit de la pleine lune du 12ème mois lunaire (en novembre, selon le calendrier grégorien), on dépose sur les eaux de petits radeaux en feuilles de bananiers décorés de fleurs, de bâtons d’encens et d’une bougie. Il s’agit de rendre un hommage à la mère de eaux, et de tenter de se racheter des erreurs faites pendant l’année écoulée. J’ai toujours des frissons devant le spectacle de centaines de radeaux illuminés d’une bougie qui flottent sur la rivière lors de ce festival. Mais quatre jours plus tard, le spectacle est un peu moins beau à voir. Sur ce canal, les kratongs se sont agglutinés et pourrissent dans l’eau.

Encore quelques kilomètres le long de ce petit canal, je ne suis plus très loin de Lamphun. Mauvaise surprise, les trois kilomètres jusqu’au temple de Jamathewi suivent la toute nouvelle autoroute de contournement de la ville. La modernité est faite pour les voitures qui veulent rouler vite. Il n’y a pas de trottoirs, puisqu’il n’y a pas de marcheurs. Le soleil tape fort, je me félicite de n’avoir pas oublié ma casquette.

Wat Jamathewi

Quelle joie ! je suis arrivé à l’entrée de Lamphun, au temple de Jamathewi. Le Chedi principal est vieux de plus de 1200 ans. Il contiendrait les restes de la Reine Jamathewi, fondatrice du Royaume de Hariphunchai. Je vais m’asseoir sur l’herbe, heureux d’être arrivé jusqu’ici. Puis, je vais observer les fresques du temple qui content le récit de la Reine venue de Lopburi pour fonder le premier Royaume de tradition Mon-Khmer (bouddhiste) dans ce lointain nord.

Lamphun, 17/11/2019
Wat Jamathewi
Lamphun, 23/01/2020

J’ai une affection particulière pour ce Chedi à base carrée avec ses niches pyramidales qui abritent des images du Bouddha en position debout. Mais j’aime aussi le deuxième Chedi, plus petit, à base octogonale. Je ne connais qu’un seul autre Chedi à l’architecture identique: il se trouve exactement au centre de la citadelle de Chiang Mai, et étrangement personne ne lui porte une attention particulière.

Lamphun, 23/01/2020

Kruba Sriwitchai

Au début du 20ème siècle, le reliquaire de la Reine Jamathewi n’est plus qu’une ruine. Le temple a été rénové par le moine Kruba Sriwitchai. Né en 1878 dans la province de Lamphun, ce moine a fait des études en génie civil. Sans quitter sa robe monacale, il a construit des ponts, des bâtiments communautaires et rénové un grand nombre de temples. Il est surtout connu pour avoir construit (de sa propre initiative) la route de quatorze kilomètres qui permet de grimper au temple de Doi Suthep au-dessus de Chiang Mai avec un véhicule motorisé. Fervent défenseur de la culture du Lanna, sa statue au pied de Doi Suthep est adorée presque vingt-quatre heures sur vingt-quatre par les locaux.

Lamphun, 17/11/2019
Statue de Kruba Sriwitchai au Wat Jamathewi

Statue de la Reine Jamathewi

Encore un kilomètre, j’ai les jambes de plus en plus lourdes, je passe la porte qui me fait entrer dans la citadelle de l’ancienne Hariphunchai. Et refusant d’écouter mes douleurs musculaires, je fais un détour pour passer devant la statue de la Reine Jamathewi.

Lamphun, 17/11/2019

Wat Prathat Hariphunchai

Comme le pèlerin du poème du 16ème siècle, je suis parti de Wat Pra Singha à Chiang Mai, et au bout de deux jours de marche j’arrive à ce qui a été le temple le plus important de l’ancien Royaume de Hariphunchai jusqu’à sa conquête par le Roi Mengrai qui dans la foulée à fondé le Lanna.

Dans le poème, le pèlerin s’attarde longuement dans ce temple sacré et prie longuement devant les statues en souhaitant partager les mérites de ses dévotions avec sa bien-aimée qui n’a pas pu cheminer avec lui.

Dans un précédent texte, je vous ai parlé des « Douze temples sacrés du Lanna » qui depuis le 16ème siècle sont des lieux de pèlerinage. Il est probable que l’auteur de ce poème ait voulu inscrire dans la littérature du Lanna un texte incitant à aller visiter les temples sacrés. Le chemin suivi par le pèlerin relie Wat Pra Singha, le temple des natifs du Dragon, à Wat Hariphunchai, le temple des natifs du Coq.

Lamphun, 23/10/2019
Lamphun, 17/11/2019
Lamphun, 17/11/2019
Lamphun, 17/11/2019

Culture de Lamphun

Mais, mon pèlerin du Moyen-Âge ne s’est pas arrêté là! Au troisième jour de son épopée, il a cherché à aller au Temple Pra Yuen, situé deux kilomètres en dehors du centre de Lamphun. Son récit se termine sur une triste note parce que ce temple est en ruine. Comme plus rien ne m’arrête, je vais moi aussi aller jusqu’à ce temple.

Je traverse le vieux pont couvert sur lequel sont installées des boutiques de souvenirs, je traverse le temple Wat Ton Kaew où le moine a crée un musée d’objets du quotidien, je suis trop fatigué pour le visiter, tout comme je me dispense de rester observer les femmes qui tissent avec les grands métiers manuels. Je reviendrai bientôt. J’ai encore deux kilomètres avant d’arriver au but ultime de mon pèlerinage, je ne traine pas.

Lamphun, 07/12/2019
Lamphun, 07/12/2019

Wat Pra Yuen

Le pèlerin héros du Khlong Nirat Hariphunchai, au troisième jour de son voyage, a voulu aller voir le temple Wat Pra Yuen, situé à deux kilomètres à l’est de la ville. A sa grande déception n’a trouvé que des ruines. Je me suis demandé pourquoi il avait voulu venir dans ce temple méconnu et j’avais dans un premier temps décidé de ne pas y venir.

Et je me suis souvenu de l’histoire du moine Sumana Thera, celui qui avait découvert la relique magique près de Sukhothai et l’a placé sous la fondation du temple de Doi Suthep au-dessus de Chiang Mai.

Appelé par le Roi KueNa de Chiangmai à devenir le premier patriarche du Lanna, Sumana Thera a fait le long voyage depuis Sukhothai à pieds. Ce moine marcheur était réputé pour préférer le calme de la campagne aux villes agitées. Et contre toute attente, il a décidé de faire une halte à Lamphun, s’est établi au petit temple de Pra Yuen en dehors de la ville pour y méditer quelques jours. Il y est resté deux ans!

Le Roi KueNa désieux que le moine vienne habiter dans la Capitale du jeune Royaume du Lanna lui a fait construire un temple en dehors de la ville de Chiang Mai, au lieu dit « Suan Dok » (littéralement « jardin de fleurs »).

Le Wat Pra Yuen est un lieu important dans l’histoire du Lanna, mais au moment où l’histoire du Klong Nirat Hariphunchai a été écrite, le temple avait été abandonné. Il est probable que l’auteur ait voulu attirer l’attention sur les temples désertés, incitant les nouvelles générations à toujours rénover et maintenir en vie les monastères qui sont le ciment de la vie communautaire locale.

Lamphun, 01/12/2019

Le Chedi principal du Wat Pra Yuen est de type birman, une large base carrée et quatre niches pour des Bouddhas debout aux quatre coins cardinaux. Ce Chedi doit avoir été construit bien après la rédaction du poème, pendant l’ occupation birmane. Entre le 16ème et le 18ème siècle, le Lanna dépendait directement des Rois de Birmanie et la Citadelle de Chiang Mai avait perdu son importance.

Je m’assieds sur un banc, mes pensées se perdent dans le chant des oiseaux et du vent qui souffle entre les branches des hauts arbres. Je comprends le moine marcheur qui s’est arrêté ici pendant deux ans pour y méditer. J’en oublie les interminables kilomètres que j’ai parcouru jusqu’à cet hermitage en bordure de Lamphun.

Lamphun, 01/12/2019

Merci de m’avoir suivi jusqu’au bout de ce texte aussi long que mon chemin l’a été. J’espère que vous avez eu autant de plaisir à me lire que j’en ai eu à marcher, et à partager ces moments avec vous.

Frédéric Alix, pour le texte et toutes les photos, 2019


note : Pour la re-lecture de ce texte, le 4 juillet 2020 j’ai re-parcouru le trajet à vélo. Alors que le monde semble être entré dans une réalité parallèle, je n’ai pas pu aller sur l’ancienne île aux lépreux. Si la colonie a été bâtie pour confiner les malades sur une île, aujourd’hui que le monde est devenu malade, l’île (où résident des personnes âgées) se protège de l’extérieur en filtrant ses visiteurs.


Autres textes précédemment publiés ici :

Pèlerinage vers Doi Suthep et l’histoire du moine Sumana Thera

Les douze temples du Lanna, une invitation au pèlerinage religieux

Statues et personnages qui ont marqué l’histoire du Lanna

Catégories Thaïlande, Une histoire LannaÉtiquettes ,,,

2 réflexions sur « Mon Pèlerinage Lanna »

  1. En lisant ce beau récit, j’ai pris des ailes, j’ai quitté le Mexique et, malgré les restrictions du Covid19, ai atterri dans mon pays adoré; le Lanna. C’est comme si je t’accompagnais sur ce pèlerinage, Fred! Les images étaient si vives, autant plus parce que tu m’avais offert le cadeau généreux de refaire ce pèlerinage en deux voyages à moto. Deux journées sublimes que je n’oublierai jamais. Merci mille fois, cher ami, pour ta gentillesse et ta capacité de nous transmettre l’histoire de notre Lanna bien-bien-aimé.

  2. Toujours interessant de suivre tes decouvertes, tes aventures. Prendre le temps d’ecrire et de partager est un bonne chose que je ressens aussi . Un bien beau texte. Vas-tu en faire un livre? A+

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