En Malaisie, dix pour-cent de la population est d’origine indienne ou tamoule.
A la pleine lune de novembre, les hindous fêtent la lumière. Divali, ou Dipavali est une des plus importante fête du monde indien. Littéralement, le nom de cette fête veut dire « rangée de lanternes ». Alors que l’on célèbre la lumière dans la nuit, on se réuni en famille, on se fait des cadeaux. Cela ne vous rappelle pas une fête du monde occidental qui a lieu une mois plus tard ?
Dans le monde bouddhiste de l’Asie du Sud-Est, cette célébration existe aussi, en Thaïlande elle prend le nom de Loy Kratong ou Yi Peng.
Mais revenons au monde indien. Nul besoin de se rendre dans le sous-continent surpeuplé pour fêter Divali. C’est en Malaisie que la communauté indienne est la plus importante, et comme en 2011 je passais par là, je me suis alors rendu dans le sanctuaire naturel des grottes de Batu près de Kuala Lumpur pour assister à cette fête.
Les grottes de Batu
A une dizaine de kilomètres au nord de Kuala Lumpur se trouvent des collines calcaires dont les grottes ont été aménagées en sanctuaire hindou.
Dans les années 1860, les paysans chinois de Batu extraient le guano (crottes d’oiseaux et de chauves-souris) de ces grottes. Le guano est un engrais très efficace. En 1891, une première statue d’une divinité hindoue est installée dans ces grottes qui rapidement deviennent un lieu de pèlerinage pour la très importante communauté hindou de la capitale malaise.
Dans les années 1970, la communauté locale rassemble régulièrement 700’000 personnes autour de ces grottes. En 2006, une statue de Murugan haute de 43 mètres est construite a côté de l’escalier de 242 marches qui mènent au sanctuaire. C’est la plus haute statue de Murugan au monde. Il arrive que les pèlerinages rassemblent 1 million et demi de personnes.
La grotte principale est formée d’un couloir de 100 mètres de long, 50 mètres de large et 100 mètres de haut. Un gouffre de 200 mètres de profondeur est au centre de la configuration géologique.
Les grottes sont habitées par de nombreux singes (les indiens voient en eux des représentations du dieu Hanuman).
Les grottes de Batu sont considérées comme le plus important sanctuaire hindouiste hors d’Inde.
Dipavali n’est pas le festival le plus important, c’est le pèlerinage de Taipusam en février qui attire le plus de monde dans les grottes sacrées.
Faire ce pèlerinage, c’est se vêtir de beaux habits, si possible des habits de style traditionnels, quitter son chez-soi pour se rendre dans ce sanctuaire naturel. On gravit 242 marches et on déambules dans ces énormes cavités en allant célébrer les statues des divinités du panthéon hindou. A plusieurs endroits, des prêtres donnent des bénédictions. On va récolter toutes les bénédictions que l’on peut et on laisse une offrande aux prêtres.


Le troisième oeil
Le Tilak est un troisième oeil qui symbolise l’oeil de la connaissance. Ce dixième orifice du corps humain permet d’accéder au monde divin (les neuf autres accèdent au monde des sens, le nez à l’olfactif, les oreilles à l’auditif, etc.) On l’appelle l’oeil intérieur ou oeil de l’âme.
Traditionnellement rouge, le Tilak est crée à partir de poudre de curcuma mélangée à de la chaux. Celui qui est blanc est fait à partir de bois de santal. Le Tilak gris est fait de cendres de bouse de vache (sacrée) séchée.
Ce troisième oeil de Shiva est aussi un symbole d’appartenance à un groupe religieux. Les adorateurs de Vishnu dessinent un U, alors que les adeptes de Shiva dessinent trois barres sensées faciliter l’entrée en méditation.
Dipavali
La célébration de Dipavali se déroule sur cinq jours. Dans la tradition d’Inde du nord, cela correspond à la fin et à la nouvelle année.
Le premier jour est consacré au dieu de la mort Yama, il est la divinité qui se tient à la porte des enfers, il juge les morts en pesant leurs bonnes et leurs mauvaises actions.
Au deuxième jour on célèbre la défaite de Narak, démon de la saleté. C’est le dernier jour de l’année dans la tradition Vikram.
Le troisième jour est le jour le plus important, c’est celui de la cérémonie consacrée à Lakshmi, épouse de Vishnu, déesse de l’abondance et de la prospérité. C’est le jour de la nouvelle lune. Cinq divinités sont célébrées mais les plus importantes forment le trimurti des déesses : Lakshmi pour la richesse, Saraswati pour la connaissance et la sagesse, et Kali la déesse de la preservation et la transformation. Ghanesh et Vinayakha sont aussi présents dans les célébrations.
En célébrant la déesse Lakshmi, on fait le voeux qu’elle nous bénisse en retour par la richesse et la prospérité et qu’elle permette le triomphe du bien sur le mal, de la lumière sur l’obscurité.
Le quatrième jour est le premier jour de la nouvelle année du calendrier Vikram. Il est dédié à l’amour entre époux (voila qui explique le pic de natalité du mois d’août). On célèbre aussi la colline de Gowardanna, connue par les adorateurs de Krishna puisque c’est cette colline qu’il est sensé avoir soulevée pour protéger les habitants.
Le cinquième et dernier jour est dédié à l’amour fraternel au sens large : l’amitié qui nous lie tous.
Les Brahmanes
Les Brahmanes sont des prêtres hindous. Ils sont membre de la caste qui regroupe les prêtres, les sacrificateurs, les professeurs et les hommes de loi. Je n’ai pas demandé à ces personnes qui officiaient ce jour-là si ils étaient brahmanes ou prêtre ou simples officiants.
Etre brahmane, cela veut dire consacrer sa vie à la connaissance et la partager autour de soi. Le brahmane peut accepter des dons en argent, des donations et des rémunérations pour les rites qu’il aura accomplis correctement. Mais il ne recherche pas la richesse. De par son statut de savant, il est une des personnes les plus élevée dans la hiérarchie hindouiste, mais ils sont généralement pauvres matériellement.
Chez les bouddhistes theravada
Les pays bouddhistes Theravada d’Asie du Sud-Est, tiennent leurs origines culturelles de l’Inde. En effet, Bouddha était un hindou indien, tout comme Jésus était un juif palestinien. La grande fête du solstice de printemps Holi a son équivalent bouddhiste en Songkran ou Thiangyin qui est la fête de l’eau, des fêtes colorées sensées fêter le retour à la vie de la nature après la pause hivernale. De l’autre côté du calendrier, la fête de Dipavali fête la lumière alors que l’on entre dans l’hiver. Dans les pays bouddhistes Theravada, on fête Loy Kratong dans la même idée. D’ailleurs ce n’est pas un hasard que l’on envoie flotter des lumières sur les rivières à Loy Kratong puisque la déesse Saraswati qui est célébrée lors de Dipavali n’est autre que la déesse des rivières.
le texte et toutes les photos ©Frédéric Alix, photos à Batu caves, Malaisie, Octobre 2011
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