Arhat, gardiens du Dharma

Dans le Bouddhisme de tradition chinoise vous avez peut-être vu des statues très originales d’hommes aux mimiques et positions toutes différentes. Ils se distinguent des images de Bouddha, ce sont des Arhat. A Chongqing et à Leshan (Chine), j’ai visité des temples entièrement destinés à ces statues divinisées, au Vietnam, les groupes d’Arhat gardent l’entrée du lieu le plus sacré du temple.

Ya'an, 16/08/2014

Vers la sagesse ultime

Atteindre la sagesse est un long chemin. Qui peut prétendre y arriver en une seule vie ?

Dans la croyance bouddhiste, les êtres qui, à la fin de leur existence, n’ont pas atteint la sagesse ne vont pas en enfer: ils se réincarnent pour une nouvelle existence afin de poursuivre leur chemin spirituel.

D’un autre point de vue, on pourrait imaginer que l’enfer est sur terre, et que le cycle des vies dont nous sommes prisonnier constitue le purgatoire d’où nous cherchons à nous élever.

Un Arhat est une personne qui a atteint le dernier échelon de la sagesse. Ce mot vient du verbe sanskrit qui veut dire « mériter ». Son étymologie nous apprend qu’il est composé des mots « vaincre » et « ennemi ». Un Arhat a vaincu ses ennemis que sont : la colère, la cupidité, les illusions : il a vaincu l’ignorance. 

Lorsque Siddhârta a atteint l’illumination au terme d’une longue recherche méditative, il a pris le nom de Bouddha, qui veut dire « l’éveillé », parce qu’il avait compris le sens de la vie, il s’était éveillé de la torpeur de la méconnaissance. Mais on peut aussi le nommer Arhat.

Celui qui n’a plus rien à apprendre

Etre un Arhat est le but final du chemin vers la sagesse. Ce nom désigne celui qui n’a plus rien à apprendre, celui qui s’est libéré de la souffrance, de l’attachement et de l’ignorance. Délivré du cycle des renaissances (le Samsara), l’Arhat pourra entrer au paradis (le Nirvana).

Le Bouddha est quelque fois appelé « Le Grand Arhat ». 

Une distinction est pourtant faite entre « Bouddha » et « Arhat » : l’Arhat a atteint l’éveil et la sagesse à la suite d’un enseignement, avec l’aide d’un maître et en accumulant des mérites, alors que le Bouddha, est arrivé à ce stade ultime par lui-même, au-travers de la méditation.

Les Arhat sont parfois appelés «méritant» ou «vénérable». En chinois ils sont appelés «luohan».

On considère que les Arhat sont les disciples d’un Bouddha.

Ninh Binh, 26/04/2018

Gardiens du Dharma

Au terme de sa vie terrestre, Siddhârta devenu Bouddha a chargé seize Arhat de protéger la Loi de son Enseignement (le Dharma), de renoncer provisoirement à entrer au Nirvana en attendant l’arrivée d’un nouveau Bouddha.

Dans le bouddhisme chinois, ces seize sont devenus dix-huit, le chiffre est même monté jusqu’à cinq cents. Plusieurs temples représentent des Arhat à l’entrée des temples comme étant les gardiens du lieu le plus sacré. 

Ya’an, 16/08/2014

Au temple de Luohan à Chongqing (Chine), il est strictement interdit de prendre des photos. Le gardien m’a surveillé de près pendant toute ma visite si bien que j’en étais très mal à l’aise.

Ce temple a été bati en 1065. Mais ce n’est qu’en 1885 que les 524 statues d’Arhat ont été ajoutées. Ces statues en terre cuite peintes représentent toutes un Arhat à l’expression unique. Pendant la terrible révolution culturelle, les gardes rouges ont brisé et saccagé des dizaines de statues. En 1986, on a construit un nouveau hall pour les Arhat restaurés. Le temple millénaire se trouve aujourd’hui coincé entre de très hauts bâtiments de la récente révolution capitaliste.

Chongqing, 17/01/2011

A Leshan (Sichuan, Chine), le gardien du Temple des Arhat somnolait et j’ai enfreints à la règle en prenant des photos (perdant au passage quelques points de mon karma). Leshan est surtout connue pour la statue géante de Bouddha (Da Fo) taillé dans la roche à la confluence des rivières. Peu de gens connaissent le hall aux Arhat, il faut continuer à monter sur la colline environ 2 kilomètres. L’escalade dans l’humidité est récompensée au temple Wuyou à la vue de ses 1000 Arhat en terre cuite peints qui sont tous différents. Si le temple de Wuyou est plus que millènaire, la salle des Arhat a été construite en 1909.

Ya’an, 16/08/2014
Ya'An, 16/08/2014
Ya'An, 16/08/2014
Ya'An, 16/08/2014

Au Vietnam, où la pratique des photos n’est pas soumise aux superstitions, j’ai eu comme un malaise : je dois avouer que ces statues, aussi amusantes qu’elles puissent être, ont le pouvoir de me mettre mal à l’aise. J’ai eu de la peine à prendre des photos.

Ici, les représentations d’Arhat ne sont pas peintes, mais sont taillées dans de la pierre brute. Au Vietnam plus qu’ailleurs, les statues d’Arhat ont la fonction de garder l’entrée du lieu le plus sacré où se trouvent les images de (des) Bouddha (ils ne sont pas enfermés dans des salles distinctes mais se trouvent sur le chemin du pellerin).

Pleiku, 12/04/2018
Pleiku, 12/04/2018
Pleiku, 12/04/2018
Pleiku, 12/04/2018
Un Arhat peut en cacher un autre (ou pas)
Pleiku, 12/04/2018
Ninh Binh, 26/04/2018
Ninh Binh, 26/04/2018
Ninh Binh, 26/04/2018

texte et toutes les photos ©Frederic Alix, Chongqing et Leshan (Chine) 2014, Pleiku et Ninh Binh (Vietnam) 2018

Ninh Binh, 26/04/2018
Catégories chine, VietnamÉtiquettes ,,,,,

1 réflexion sur « Arhat, gardiens du Dharma »

  1. Catherine PAILLIER 31 mars 2019 — 23:07

    Article très intéressant Fred!

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