Février 2004, je traverse la Thaïlande du nord au sud, 2000 kilomètres entre Chiang Kong et Kota Baru en Malaisie. L’île de Ko Phangan est ma dernière étape avant la Malaisie en train. Deux mois plus tôt, j’ai passé une semaine à Goa en Inde, j’espère retrouver la même ambiance à Ko Phangan. Cette île est réputée pour ses fêtes de la pleine lune (Full Moon Party).
Je vais rester deux semaines avant de continuer mon tour du monde. En décembre 2004 je m’y installe pour 2 mois.
Lorsque l’on vit dans un bungalow sur une plage, on se réveille au lever du soleil et le coucher du soleil est un événement marquant de la journée. On respire au rythme des vagues et des marées. A la marée basse, la mer semble loin, et à la marée haute elle est juste sous le cabanon, on voit la mer à travers les interstices du plancher.
Si le rythme du soleil est régulier, le rythme des marées varie en fonction de la lune. Quand on vit au bord de la mer, on connait les phases de la lune. On sait que les marées sont plus grandes à la pleine lune comme à la lune noire.
Lorsque le soleil se couche, on va s’asseoir sur le sable et on regarde le spectacle. On l’a déjà vu mille fois, et pourtant il semble qu’il n’y ait pas deux coucher de soleil identiques.

Je me souviens d’un après-midi où j’étais couché sur des coussins triangulaires à lire un livre en écoutant le silence. Soudain, le vrombissement d’un moteur de bateau me fait relever la tête. C’est un bruit différent, le bateau n’est pas une barque en bois, mais en polyester. Un groupe de touristes bien habillés menés par un thaïlandais en blanc débarque sur ma plage, ils s’installent à une table, commandent des noix de coco à boire, et s’en repartent dans le quart d’heure. J’ai ouvert de grands yeux comme si j’avais vu débarquer des extra-terrestres. En 2004 à Ko Phangan on ne voyait pas de bateaux en fibres de polyester sinon quelques rares touristes venus de l’île voisine Ko Samui.
Ko Samui, la voisine, ce n’est qu’en 2011 que j’y suis allé pour la première fois, et je n’ai pas aimé.
J’ai entendu plusieurs explications au nom de Ko Phangan. Ma préférée explique que le Ngan vient du dialecte sud-thaïlandais qui veut dire « banc de sable ».
Les îles n’ont pas d’histoire. Trop petites et trop éloignées de la côte pour être habitées, Ko Samui, Ko Phangan et Ko Tao étaient longtemps des îles désertes. C’est la culture des noix de coco qui a incité les premiers habitants à venir.
Quelques villages se sont construits sur les côtes, ports pour la pêche, et quai pour amarrer le gros bateau ramenant les récoltes de coco sur le continent.
Ce n’est que depuis la fin des années 70 que le tourisme est apparu. Ko Samui a été la première à accueillir des visiteurs et en 1989 un aéroport a été construit.
Les premiers touristes sont arrivés à Ko Phangan dans les années 80. Et contrairement à Ko Samui qui a développé des resorts confortables avec piscines et spa, Ko Phangan a gardé son atmosphère hippie.
J’avais entendu dire que les hippies s’étaient transformés en hipster ces dernières années. J’ai craint y trouver des fantômes connectés à des téléphones smarts, casques énormes sur les oreilles. Non, je n’ai rien vu de ça. Au bout d’un jour, j’avais même oublié l’existence de mon iPhone.
Episode 14 : Ko Phangan
Vous allez voir l’arrivée en bateau, la plage où je réside (mais vous ne verrez pas mon bungalow cette fois); vous verrez une fête semi-improvisée par un groupe de « hippies » au coucher du soleil; je vais vous emmener sur un banc de sable, sur l’île voisine de Ko Ma; au port de pêche de Chaloklam; à la Full Moon Party de Had Rin; et enfin au dessus de Bottle beach, je vais escalader un rocher en essayant de vaincre mon vertige.
les photos, le texte et la vidéo ©Frédéric Alix entre 2004 et 2022 à Ko Phangan